Pape François : la nouvelle évangélisation

...aux antipodes du narcissisme identitaire :

 

 

Ressenti (dit-on) par des catholiques français au sujet du pape François, le "malaise" – surexploité par des publicistes – n'est pas vraiment un malaise : c'est un refus de comprendre. Et de comprendre quoi ? La nouvelle évangélisation, incompatible avec le narcissisme identitaire... et incarnée par le pape Bergoglio. On le vérifie dans le livre* très intéressant que publie Andrea Riccardi, fondateur de la communauté Sant'Egidio, qui vient compléter avec autorité plusieurs autres ouvrages : notamment la biographie argentine de l'archevêque Bergoglio par Evangelina Himitian**.  Brefs extraits du Riccardi (un livre à lire in extenso) :

 

<<  Le pape a une vive perception du problème qui est celui de tant d'adultes aujourd'hui : l'expansion de l'ego, qui auto-condamne au vide intérieur et à la recherche d'une hégémonie sur les autres. L'invitation du pape François est celle-ci : « Ce que je dis à l'homme, c'est qu'il ne doit pas connaître Dieu par ouï-dire... »

 

Dieu ne peut pas être réduit à mon ego. En homme de prière, le pape François explique que prier consiste au contraire à sortir de soi, à effectuer un exode hors de son propre ego, même lorsque l'on prie pour soi... Prier, c'est s'exiler de son coeur calcifié par une vie de repli sur soi. « La prière est parole et écoute... »

 

François affirme : « L'acte de justice que l'on commet en aidant son prochain doit être une prière en soi... Nous ne prions pas pour jouir d'une harmonie intérieure purement esthétique. Quand nous prions, nous luttons pour notre peuple... La fatigue et la paix vont ensemble dans le coeur de celui qui prie. »

 

Le pape veut conduire à une rencontre avec Dieu et proposer un chemin de croissance spirituelle et humaine. Il s'adresse à la conscience d'un peuple nombreux qui, curieusement, vient l'écouter en masse depuis le début de son pontificat... Le pape communique l'Evangile. Libre à ceux qui l'écoutent d'accueillir sa parole et de s'en sentir responsables. Chez lui, rien ne s'impose ni ne ressemble à des préceptes...

 

Seuls des hommes et des femmes au coeur nouveau pourront inaugurer une nouvelle saison de l'histoire (grande ou petite). Le pape n'est nullement résigné devant les souffrances des peuples et des pauvres, nullement silencieux devant les idoles, le drame des hommes désespérés, la crise de la famille, des pays entiers qui perdent leur poids et leur sens... Il ne parle pas de manière évasive et n'élude pas la dimension concrète de l'histoire. Et ce sera de plus en plus visible.  >>

 

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* Andrea Riccardi, Comprendre le pape François (éd. de l'Emmanuel).

** François, un pape surprenant (Presses de la Renaissance).